Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

Page 94

68

RELATION

DU

P.

PELLEPRAT.

Voici l'occasion de ce funeste accident, si toutefois o n doit n o m m e r accident funeste u n e m o r t si souhaitable et si précieuse. L e s Caraïbes de la D o m i n i q u e , qui n e pouvoient souffrir l'établissement des François dans l'île de MarieGalande, ne s'étoient pas contentés de les avoir m a s sacrés, c o m m e je l'ai rapporté ci-dessus ; ils tâchèrent encore d'engager tous les autres Sauvages dans leur querelle, et les portèrent à u n e conjuration générale contre les étrangers. Ils sollicitèrent pour cet effet les Sauvages de Saint-Vincent d'entrer en cette ligue ; m a i s ceux-ci en furent dissuadés pour u n t e m p s par le B a b a , père d u jeune Caraïbe que le P . À u b e r g e o n a voit r a m e n é d a n s cette île. M a i s autant le B a b a avoit d'inclination à la p a i x , autant ses compatriotes en témoignoient pour la guerre. U n e raison de leur mécontentement étoit surtout q u e les François venoient de s'emparer r é c e m m e n t d'une île d e leur voisinage. D e u x incidents survenus depuis achevèrent de les déterminer à la guerre. Voici quel fut le premier : u n François, capitaine de bateau, occupé au golfe des Paria à prendre des tortues, se servoit e n cette pêche d'un Caraïbe de Saint-Vincent ; il se p e r suada que ce sauvage avoit quelque part a u meurtre d'un h o m m e de son équipage, qui avoit été assassiné par les indiens de la nation des Paria. S u r ce soupçon il le fit lier au m â t d u bateau, et n e se contenta pas d e


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.