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R E L A T I O N D U P. P E L L E P R A T .
plus été maltraité des malins esprits ; et il fut baptisé au t e m p s q u e je lui avois assigné. L e s esclaves vraiment chrétiens ont u n e g r a n d e confiance e n D i e u , et agissent avec u n e simplicité qui lui est si agréable qu'il fait quelquefois des choses extraordinaires en leur faveur. U n jeune h o m m e d e S a i n t - C h r i s t o p h e , âgé d e quatorze a n s , voyant q u e son petit frère étoit e n danger de m o u r i r , assembla tous les enfants nègres qu'il put rencontrer, et ayant m e n é toute cette b a n d e de petits innocents devant l'autel d'une chapelle o ù le Saint Sacrement reposoit, prit la parole pour tous, et dit tout h a u t , fondant e n larmes : Seigneur, toi bien sçavé que mon frère lui point mentir, point lui jurer, point dérober, point lui méchant; pourquoi toi le voulé faire mourir ? Il se
tourna ensuite vers son frère et lui dit : Mon frère, toi te confesser, toi dire comme
moi : Seigneur, si moi
mentir, moi demander à toi pardon ; si moi dérober, si moi jurer, si moi faire autre mal à toi, moi bien
A y a n t achevé sa courte h a r a n g u e , il prit le crucifix qui étoit sur l'autel, et le fit baiser à son frère et à tous ses c o m p a g n o n s . Cette simplicité fut si agréable à D i e u , qu'il rendit la santé a u malade.
fâché, moi demander pardon.
L e s esclaves n e jeûnent jamais q u e par nécessité ; ceux n é a n m o i n s qui sont chrétiens le font quelquefois