Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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ILES D E L'AMÉRIQUE.

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parler, qui est ordinairement par l'infinitif d u verbe ; c o m m e par exemple : Moi prier Dieu, moi aller à l'Église, moi point manger ;

pour dire j'ai prié Dieu,

je suis allé à l'Église, je n'ai point mangé. E t y

ajoutant u n m o t qui m a r q u e le temps à venir o u le passé, il disent : Demain moi manger, hier moi prier

Dieu; et ainsi d u reste. O n leur fait comprendre par cette manière de parler tout ce qu'on leur enseigne ; et c'est la m é t h o d e q u e nous gardons a u c o m m e n c e m e n t de leur instruction. Quelqu'un m e dire peut-être que cette pratique est plus facile pour nous qu'elle n'est avantageuse à ces pauvres infidèles, q u e la mort n e s'est pas engagée d'attendre qu'ils aient appris le françois, et q u e si elle les surprenoit avant leur baptême, ce seroit fait de leur salut. A ceci je réponds que, dans les cas de nécessité, nous nous servons des nègres, qui entendent le françois, pour enseigner à ceux de leur nation les points essentiels de notre créance. O n supplée, autant qu'il est besoin, a u x paroles par des gestes ; mais o n fait ce qu'on peut, Dieu fait le reste. L e n o m b r e des esclaves qui sont dans les Iles est grand ; il se m o n t e bien à présent à douze à treize mille. C'est u n e marchandise qui n e coûte pas beaucoup dans leur pays, car u n père y vendra quelquefois u n de ses enfants pour six o u sept h a c h e s , ou pour quelques autres ferrements ou semblables objets de p e u


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