Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

Page 37

ILES D E L'AMÉRIQUE.

11

et donne bien de la peine avant qu'il soit en cet état. L'indigo et le petun ne donnent guère moins de travail et de soin que le sucre. Je ne puisfinirce chapitre sans dire u n m o t des soufrières qu'on trouve dans les Iles. Elles sont dans des précipices effroyables, ou dans des montagnes escarpées et de très-difficile accès. L a terre y est brûlante, et on la voit en quelques endroits à demi jaune et en d'autres entièrement changée en soufre. S'il s'y rencontre des trous remplis d'eau et que ces espaces soient étroits, on y entend u n bruit semblable à celui que font les maréchaux et les forgerons, battant le fer sur leurs enclumes. Si les ouvertures sont larges et profondes, vous croiriez être au milieu de plusieurs chutes d'eau , ou d'une m e r extraordinairement agitée. N o s François, qui ne savoient pas la cause d'un effet si surprenant, m'assuroient qu'on y entendoit de t e m p s en temps des cris et des éclats de voix de personnes qui gémissoient et qui se plaignoient ; ils m e disoient mille autres rêveries là-dessus. Mais étant allé voir la soufrière de SaintChristophe, je trouvai que l'eau échauffée par le soufre, et bouillante c o m m e si elle eût été sur u n grand feu, étoit la seule cause de tout ce bruit. O n peut tirer une suffisante connoissance d u t e m porel des Iles de ce que j'en ai rapporté dans ce chapitre. Passons au principal et parlons maintenant d u spirituel.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.