Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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RELATION D U P. PELLEPRAT.

hauteur de huit à dix pieds ; mais il n e graine pas c o m m e en E u r o p e . L a vigne qu'on y plante est extrêm e m e n t féconde; elle est chargée de raisins en tout temps, et si on se vouloit donner la peine de la cultiver, on y pourroit faire vendange trois fois d a n s u n e m ê m e année et en recueillir de b o n vin. Mais les habitants de l'Amérique trouvent plus de profit à faire d u petun et d u sucre qu'à travaillera la vigne. Il est vrai que le c o m m e r c e que l'Europe entretient avec les Iles supplée à ce défaut ; et qu'encore qu'on n'y fasse ni vendange ni moisson, il s'y trouve abondance de vins et de farines. 1

P o u r ce qui regarde la terre des Iles, elle est si fertile et de si grand rapport qu'un petit grain de mil de France y pousse quatre ou cinq c h a l u m e a u x de la hauteur de neuf à dix pieds qui sont tous chargés d'épis remplis de grain ; le riz y multiplie si fort qu'on en fait la levée quatre ou cinq fois, avant qu'il soit besoin d'en semer d'autre. Les arbres fruitiers portent en m ê m e t e m p s des fleurs, des boutons et des fruits ; les graines de nos herbes potagères et de la plupart des plantes de l'Eur o p e , jetées e n terre, g e r m e n t et poussent en tout t e m p s . Il y a des pois que les insulaires appellent pois de sept et d e dix a n s , parce qu'un m ê m e pied e n 1

Petun est u n n o m

q u ' o n d o n n a i t autrefois a u t a b a c ; il n'est p l u s

e m p l o y é d a n s le d i s c o u r s o r d i n a i r e , s i n o n p a r m é p r i s o u d é n i g r e m e n t . (Diction, de l'Académie.)


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