Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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XVIII

INTRODUCTION.

siers, épars dans les bois comme des bêtes fauves, sans goût, sans politesse, presque sans religion et sans Dieu ; gens d'ailleurs uniquement occupés du présent, sans nulle idée, nul souci de l'avenir ; gens, en un mot, à qui le n o m de sauvage convient dans toute l'acception de ce terme. » — « Aussi, continue le P. Lombard, on ne voit pas ici, comme en d'autres missions, de ces conversions surprenantes qui frappent les sens ; on n'y voit pas, comme à la Chine et au Japon, des mandarins, des princes, qui se soumettent au joug de Jésus - Christ, des peuples entiers qui accourent en foule aux fonts sacrés du baptême ; les missionnaires ne sont pas ici lassés, fatigués dans l'administration du sacrement de la régénération. » — Cependant, quoi qu'en dise le modeste religieux à qui la mission de la Guyane doit en partie son établissement et ses progrès, ce théâtre des travaux apostoliques n'est pas aussi dépourvu de variété qu'on pourrait le croire ; il ne manque pas non plus de cet intérêt ni de ce charme qui s'attache à tout ce qui est vrai et beau, solide et vertueux. Non-seulement le chrétien y recueille des paroles de foi et de charité, mais l'homme du monde lui-même y entend un langage qu'il peut comprendre et goûter, le langage toujours si éloquent du sacrifice et du dévouement. Or, on le sait, le dévouement, plus il est caché, plus il se dépense sur des objets petits et méprisables, plus alors il est grand et héroïque, et par conséquent propre à exciter l'admiration et à mériter des sympathies. Ajoutons encore que, pour produire ces impressions, il n'est pas besoin à l'homme apostolique de faire de grands frais d'éloquence; sa parole


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