Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE

LA

TERRE

FERME

DE

L'AMÉRIQUE.

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qu'avec ceux de sa propre nation ; » ilajoutoit, de plus, « qu'après qu'il m'auroit parlé, il iroit venger l'injure qu'on avoit faite aux François, et qu'assurément il pendroit le meurtrier à u n arbre aussitôt qu'il l'auroit rencontré; qu'il m e demandoit seulement la faveur de m e pouvoir entretenir en assurance. » Je fus bien aise de rencontrer une occasion si favorable de nouer amitié avec cette nation. Je répondis donc à ceux qui m e parloient de sa part qu'il n'avoit rien à craindre de moi ; que j'étois Galibi d'affection aussi bien que lui ; qu'il pouvoit venir sans crainte, et s'assurer que ni moi ni le François qui étoit en m a compagnie ne lui ferions aucun mal. Quelque assurance que je lui eusse donnée, il n'osa jamais venir dans m a case qu'accompagné de trente à quarante Sauvages qui entrèrent les premiers et se rangèrent en haie, c o m m e s'ils eussent été les gardes du député. Quoiqu'il fût si bien escorté, et que je n'eusse ni la volonté ni le pouvoir de lui nuire, il se tenoit toujours à l'écart et le plus éloigné de moi. Il fallut lui parler longtemps, et m ê m e lui faire des présents avant que de le pouvoir rassurer. Mais ayant enfin reconnu que je n'avois pas de mauvais dessein contre lui, il suivit Macau, qui lui servoit d'interprète et d'introducteur, et se vint asseoir auprès de moi. M'ayant exposé sa commission, et témoigné u n grand déplaisir d u malheur qui étoit arrivé, je lui


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