DE LA
TERRE
FERME
DE
L'AMÉRIQUE.
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que ces pauvres gens n'ont pas seulement une grande docilité et un grand désir de se faire instruire, mais qu'ils sont encore très-capables de profiter de ce qu'on leur enseigne. J'ai peine à croire, vu la difficulté que j'avois de m'expliquer, qu'ils n'aient eu une assistance d u Saint-Esprit pour m'entendre ; car ils concevoient souvent des choses très-difficiles, et que je ne pouvois énoncer. C e qui m e confirme dans cette créance, c'est que, quand je leur parlois des choses qui ne regardoient point la foi, ils n e comprenoient pas le plus souvent ce que je voulois dire ; mais lorsque je les instruisois de nos mystères, ils concevoient si bien les points que je leur traitois, qu'à peine avois-je achevé de parler qu'ils m e faisoient des instances pressantes et fort à propos. J'ai vu quelquefois avec admiration de petits enfants, qui à peine pouvoient parler, répéter avec une facilité et une fidélité incroyables ce que j'avois dit en m o n catéchisme ; et assurément ils ne le faisoient point par routine, puisque je les interrogeois sans garder l'ordre des matières dans les choses dont je leur avois parlé.