Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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LA TERRE FERME DE L'AMÉRIQUE.

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demeurais et par plusieurs autres qui venoient de loin pour m e voir, ces distractions néanmoins ne m'étoient pas tout à fait inutiles ; j'y trouvois toujours occasion d'apprendre dans les discours de ces Indiens quelques mots de leur langue. M a i s , c o m m e pendant la nuit les Sauvages se retiraient dans les bois et dans leurs cases de repos, alors je demeurais seul avec le jeune F r a n çois, m o n c o m p a g n o n , et j'en passois u n e b o n n e partie à mettre en ordre m e s remarques, et à faire u n dictionnaire pour m o n usage et pour celui des Pères qui seraient employés plus tard à la conversion de ces peuples. L e s m é m o i r e s d u P . Méland m e servirent beaucoup à ce dessein. Cette langue est si riche et si abondante, que j'ai quelquefois remarqué vingt-quatre m o t s pour signifier la m ê m e chose : ce qui m'obligea à faire deux dictionnaires, l'un où je ne mettois qu'un m o t pour exprimer une chose et qui étoit suffisant pour apprendre à la parler ; l'autre, qui étoit nécessaire pour l'entendre, d'autant qu'on y trouvoit tous les termes qui ont u n e m ê m e signification. L e désir que j'avois d'apprendre cette langue étoit encore augmenté par la conviction qu'elle est presque universelle et presque aussi c o m m u n e dans la Terre ferme méridionale que la latine est familière en E u r o p e . Aussitôt que j'en sus assez pour m e faire entendre, je c o m mençai à enseigner la doctrine chrétienne et à disposer 7*


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