Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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RELATION DU P. PELLEPRAT.

marques particulières en une chose que je n'eusse pas attendue d'eux. Lorsque les habitants du carbet où je demeurais s'absentoient pour quelque temps, et m ê m e pour un seul jour, ils venoient en partant prendre congé de moi dans m a case, et m e disoient le lieu où ils alloient et le n o m b r e de nuits qu'ils y passeraient. Ils se servent de cette façon de parler, parce q u e , c o m m e ils mesurent les mois par les lunes et n o n par le cours d u soleil, ils ont aussi coutume de c o m p ter les nuits et non les jours, quand ils veulent désigner quelque temps. Disons u n m o t de leur hospitalité. Ces peuples font u n état particulier de l'hospitalité ; ils l'ont si fort à c œ u r , que, quand un passant ou u n étranger vient loger chez e u x , ils lui font festin p e n dant trois jours, et lui donnent à chaque repas une cassave fraîche. Ils sont si charitables les uns envers les autres, qu'ils n'ont quasi rien de propre, et chacun a droit d'aller prendre dans le jardin des autres ce qui lui agrée ; si quelqu'un a du gibier, les voisins ont droit d'en m a n g e r avec lui, sans attendre qu'on les invite. Q u a n d ce serait m ê m e u n inconnu de quelque autre nation, s'il les voit prendre leur repas, il va s'asseoir auprès d'eux, met la main au plat, et boit et m a n g e c o m m e s'il étoit de la famille, sans y apporter d'autre cérémonie. Je suis convaincu que quiconque fera réflexion sur ce que je viens de rapporter de leurs m œ u r s , avouera que


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