Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE LA TERRE FERME LE L'AMÉRIQUE.

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terre, sans y vouloir e u x - m ê m e s toucher du bout du doigt : et contrefaisant le c o m m a n d a n t espagnol, « il relevoit, disoit-il, la moustache des deux côtés, et puis, mettant les mains derrière le dos, il nous regardoit d'un œil hautain et impérieux, et nous disoit : Marna bôna : « A u jardin. » Et derechef, relevant sa moustache, il répétait les m ê m e s mots : Maïna bôna : « Allez au jardin ; allez travailler au jardin. » — « Les François, ajoutoit ce bon h o m m e , n'en font pas de m ê m e ; ils mettent les premiers la main à la besogne, et nous traitent avec plus de douceur. » C e m o t servira d'instruction a ceux qui voyageront en ces contrées. Ils ont un grand respect les uns pour les autres ; ils ne contestent point de paroles et ne se contredisent presque jamais. Q u a n d ils parlent à quelqu'un qu'ils considèrent, ou pour son âge ou pour sa qualité, ils ont coutume de répéter le discours qu'il leur fait, de la m ê m e manière que nous répétons les arguments de philosophie ou de théologie ; ce qu'ils font pour m o n trer qu'ils comprennent ce qu'on leur dit, et pour témoigner à celui qui leur parle le respect qu'ils lui portent. Les capitaines et les vieillards en usoient de cette manière à m o n égard, quand je les entretenois des principes de notre religion. Je dirai encore à ce m ê m e propos que ces pauvres gens m e témoignoient en toutes occasions beaucoup de respect et d'amitié; mais ils m'en donnoient des


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