Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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RELATION DU P. PELLEPRAT.

leurs barques qu'en toute autre chose. Ils en ont de deux sortes, les pirogues et les canots. Les pirogues sont longues de cinquante à soixante pieds, et larges de cinq à six ; ils les font tout d'une pièce d'un bois qu'on appelle acajou. Quelques-uns pensent que cet arbre est une espèce de cèdre ; il a du reste trois qualités excellentes pour cet usage : la première, qu'il devient prodigieusement gros et grand ; la seconde, que son bois est fort léger ; et la troisième, que les vers ne s'y engendrent point, probablement à cause de son amertume. Ces barques longues sont capables de porter cinquante à soixante h o m m e s , et elles leur servent ordinairement pour la guerre ou pour les voyages de long cours ; ils les creusent fort adroitement avec le feu, dont ils se servent, non-seulement pour les vider, mais aussi pour les élargir. Leurs canots sont beaucoup plus petits, ronds par le bas, et se renversent facilement ; mais les Sauvages, qui nagent tous c o m m e des poissons, ne s'en mettent pas beaucoup en peine. Q u a n d cet accident leur arrive, ils redressent leur canot en vidant l'eau, et se remettent dedans pour continuer leur course ; c o m m e ils sont peu chargés de vêtements, ils n'ont pas le souci de les faire sécher. Leur façon de naviguer est tout autre que la nôtre ; ils ne se servent point de carte ni de boussole pour prendre les vents et tenir leur route,


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