Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE LA TERRE FERME DE L'AMÉRIQUE.

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leurs corps et en boivent les cendres parmi leurs ouïcou ; ils gardent les corps des défunts pendant deux à trois jours, qu'ils passent en des pleurs continuels. Qui diroit que les danses, qui sont à toutes les autres nations des témoignages de joie et d'allégresse, sont à ces peuples bien souvent des signes de deuil et de tristesse. A u x funérailles d'une f e m m e de la nation des Galibis, qui mourut au carbet où je demeurois, j'ai vu que, tandis que les uns pleuraient dans la case auprès d u corps mort, les autres chantoient dehors d'une voix fort lugubre, interrompant leurs paroles de pleurs et de sanglots, et dansoient fort modestement en s'appuyant sur des bâtons. 1

C o m m e les danses ne sont pas toujours des marques de la réjouissance de ces peuples, les larmes ne sont pas aussi des signes infaillibles de leur tristesse, leur coutume étant de pleurer aux occasions de joie extraordinaire. Je fus surpris une nuit d'entendre des pleurs et des hurlements, et j'eus crainte qu'une f e m m e , qui étoit malade dans notre carbet, ne fût morte. M'étant donc levé pour m'en informer, on m e dit le sujet de ces larmes, qui étoit la venue de quelques étrangers arrivés le soir précédent. N o s Galibis en témoignoient ainsi 1

O n appelle ici ouïcoules r é u n i o n s d e S a u v a g e s o ù ils p r e n n e n t et

boivent l'ouïcou. Cette boisson est faite d e m a n i o c , d e patates, d e b a n a n e s et d e c a n n e s à sucre.


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