Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE LA TERRE FERME DE

L'AMÉRIQUE.

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de finesse, ils font leur retraite c o m m e des lièvres, craignant qu'on n e leur coupe le chemin. Ils ont pour m a x i m e de ne laisser jamais les corps de ceux qui ont été tués entre les mains de leurs ennemis ; ils s'exposent m ê m e à toute sorte de dangers pour les retirer, perdant souvent beaucoup plus de m o n d e en cette occasion qu'ils ne le font dans le combat. Leurs armes pour frapper de loin sont l'arc et la flèche ; le boutou leur sert quand ils en viennent aux mains. Ils n'ont point encore l'usage des armes à feu dans la Terre ferme, et ils en ont grande appréhension. Je n'en veux point d'autre preuve que ce qui arriva quelque temps avant m o n départ d'Oüarabiche. L e jeune F r a n çois, qui étoit avec m o i en ce pays, ayant tiré u n coup de mousquet dans la tête d'un taureau, plusieurs S a u vages qui étoient présents et qui se tenoient à l'écart, furent si fort étonnés de voir cette bête renversée, les quatre pieds en l'air, qu'ils firent u n grand cri de joie, se disant les uns aux autres : « Q u e ne feroit ce garçon contre nos e n n e m i s , puisque d'un seul coup il a mis à terre un si terrible animal? » Les Indiens de ce pays ne sont pas cruels, m ê m e envers leurs plus grands ennemis ; ils ne les tourmentent pas et ne les font point languir c o m m e font les C a nadiens; ils se contentent de les a s s o m m e r d'un coup de boutou. Quelques-uns ont prétendu qu'ils les m a n geoient, ainsi que plusieurs autres nations de l'Amérique;


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