Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE LA TERRE FERME DE

L'AMÉRIQUE.

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Les Sauvages de ces contrées se multiplient extrêm e m e n t , par suite de la chaleur d u climat et de la bonté du pays. O n en peut juger par le grand n o m b r e des habitants de la seule province d'Oüarabiche. J'y ai demeuré cinq à six m o i s , et pendant tout ce temps je n'ai pas remarqué deux fois le m ê m e visage parmi les étrangers qui m e venoient visiter. Il ne se passa cependant pas de semaine que je ne visse deux ou trois bandes de Sauvages, de quinze à vingt personnes, et souvent de trente à quarante, arriver au carbet que j'habitois, et où j'étois retenu par m o n indisposition. Je ne crois pas beaucoup m'éloigner de la vérité, si j'assure que ce pays est, peu s'en faut, aussi peuplé que les campagnes de France ; et que la G u y a n e , que je n'ai pas v u e , probablement ne l'est pas m o i n s , parce que la terre y est la m ê m e et que les m ê m e s avantages s'y rencontrent pour l'entretien de la vie. Je viens au témoignage d'autrui, et m'arrête à celui de l'illustrissime évêque de Ghiapa, Barthélémy de Las-Casas, Espagnol de nation, et religieux de l'ordre de Saint-Dominique, qui en parle c o m m e témoin oculaire. D a n s u n livre qu'il a composé sur la tyrannie et les cruautés exercées par les Espagnols dans l'Amérique, cet auteur assure que dans la seule île d'Hispaniola on comptoit autrefois plus de trois millions de 1

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Hispaniola, o u l'île e s p a g n o l e , est le n o m q u ' o n d o n n a i t autrefois à

l'île S a i n t - D o m i n g u e .


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