Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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RELATION DU P. PELLEPRAT.

nous devoit être suspecte, venant de la part d'un Espagnol ennemi des François. Enfin, après avoir bien pesé toutes les raisons de part et d'autre, nous arrêtâmes que le Père prendrait ses sûretés ; qu'il ne passeroit à Saint-Thomas qu'après être mieux informé de l'intention des Espagnols, et qu'en attendant il demeureroit avec les Galibis les plus voisins de la rivière d'Orinoc. Il partit donc d'Oùarabiche le seizième jour de septembre de l'année 1 6 5 3 . Mais ce ne fut pas sans beaucoup d'opposition de la part de nos Galibis ; pour nous détourner de ce dessein, ils nous rapportoient les cruautés que les Espagnols avoient autrefois exercées sur les pauvres habitants du pays; ils nous représentoient q u e , c o m m e alliés des Galibis et ennemis des Espagnols, nous avions sujet de craindre qu'ils ne nous appelassent dans un lieu soumis à leur domination que pour se défaire de nous. L e P. Méland, qui méprisoit tous ces dangers, ne laissa pas de partir pour Orinoc, où il arriva heureusement avec trois jeunes François, malgré la difficulté des chemins et le débordement des rivières. U n bruit courut, quelque temps après son départ, qu'il étoit mort : je n'entendois autre chose des Sauvages, sinon que le Père auroit été attaché au pilori par les Espagnols, et qu'ils l'avoient fait pendre par leurs esclaves nègres : quelques-uns ajoutoient qu'ils l'avoient vu attaché à u n arbre, où il étoit demeuré


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