Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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DE LA TERRE F E R M E DE L'AMÉRIQUE.

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p e u de jours après que le b o n vieillard caraïbe qui l'avoit reçu avec tant d e bienveillance dans son carbet, voyant les désordres occasionnés par l'orage, lui avoit dit : « N e t'étonne p a s , m o n c o m p è r e , le Maboïa (c'est-à-dire le diable) n e peut supporter que tu nous enseignes le c h e m i n d u ciel ; c'est lui qui a excité cette tempête qui passera bientôt ; ne t'en étonne pas. » L'ouragan de l'année 1 6 5 2 ne s'étoit pas fait m o i n s ressentir à Saint-Christophe ; car il brisa au quartier de la pointe de Sables, o ù je demeurois pour lors, quatre ou cinq navires chargés de marchandises, qui n'attendoient que l'heure de lever l'ancre. Entre ces vaisseaux il y avoit u n e grande flûte hollandoise qui résista plus longtemps à la m e r que les autres et m e d o n n a m o y e n de secourir deux h o m m e s qui n'attendoient que la m o r t sur l'arrière de ce vaisseau. M a l heureusement ils n e savoient pas nager, et n'osoient se jeter à la m e r , c o m m e avoient fait leurs c o m p a g n o n s . L'un étoit catholique, habitant de la G u a d e l o u p e , et l'autre huguenot et chirurgien d u vaisseau. C o m m e je les vis en ce d a n g e r , je leur fis signe d u rivage, o ù j'étois, qu'ils demandassent pardon à Dieu de leurs péchés et qu'ils se disposassent à en recevoir l'absolution. Ils m e comprirent, et s'étant tous d e u x m i s à g e n o u x , ils élevoient leurs yeux et leurs m a i n s vers le ciel ; puis ils se tournèrent de m o n côté, et baissèrent la tête pour d e m a n d e r l'absolution, l'hérétique aussi 5


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