Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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RELATION DU P. PELLEPRAT.

aux autres rades de cette île. C e calme fut suivi d'un furieux ouragan qui nous eùt fait périr irrémissiblem e n t si nous eussions encore été à l'ancre ; mais par une providence particulière de Dieu, j'obligeai nos matelots à mettre à la voile, quoiqu'ils m e représentassent qu'il ne faisoit point de vent, et qu'ils seroient en danger d'échouer à la côté et de s'y briser. N o u s vîmes, en moins d'un quart d'heure, qu'il étoit temps de nous éloigner des côtes ; car nous n'eûmes pas plutôt appareillé que l'ouragan c o m m e n ç a ; il arriva m ê m e que les premières bouffées de vent, qui en étoient les préludes et les avant-coureurs, nous donnèrent le m o y e n de nous élever en m e r et d'en éviter le danger. E n cette m ê m e rade se rencontra u n autre bateau françois qui n'en fut pas quitte à si bon marché ; car il échoua aux Grenadins, et s'y perdit misérablement. N o u s étions cependant bien avant dans notre route, Dieu permettant que cet ouragan, dans sa plus haute violence, nous servît de vent arrière pour nous porter où nous voulions aller. O n appelle ouragan dans les Iles une tempête extraordinairement violente, qui agite la m e r avec tant de furie qu'elle semble monter jusqu'au ciel, et s'entr'ouvrir jusqu'aux abîmes. Les navires qui sont pour lors aux rades, ou dans les ports, se brisent à la côte. Cette tempête fait dans l'espace de vingt-quatre heures le tour d u compas. Tous les vents sont déchaînés à la


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