L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

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B R É S I L .

leur d é c a d e n c e , ce qui persiste le plus chez elles, ce sont les d a n s e s , où, a défaut de ces grandes assemblées, qui se renouvelaient si fréquemment jadis, et des convocations guerrières qui s'y faisaient, on remet en honneur quelque antique tradition nationale, quelque vieux souvenir des dogmes sanguinaires prêts à disparaître. L o r s ­ que ce peuple existe à peine comme nation, les danses des P u r i s sont ce qu'elles étaient j a d i s , g r a v e s , mélanco­ liques, empreintes de ce caractère fu­ nèbre qui accompagne la plupart des fêtes solennelles chez les A m é r i c a i n s . Quant à la g u e r r e , rien de ce qui la rendait redoutable de la part des P u r i s n'existe aujourd'hui. Traqués dans leurs forêts, comme les Botocoudos et les Patachos , à l'exemple des descendants des T u p i n i q u i n s , chez lesquels on r e ­ trouverait peut-être leurs anciens vain­ queurs, ils se v e r r o n t obligés d'embras­ ser quelque grossière industrie ; ils ou­ blieront jusqu'à leur langage. Mais avant que s'éteigne ainsi une population en­ tière, nous avons voulu retracer par la gravure un de ses usages militaires, un de ces combats particuliers q u i , bien loin de ressembler à la lutte g r o ­ tesque des Botocoudos, offre comme un souvenir des temps héroïques ; nous ferons observer seulement q u e , bien que les P u r i s soient fort a r r i é r é s , com­ parés à d'autres Indiens, dans une cer­ taine industrie essentiellement propre au sauvage, on ne doit pas s'étonner de trouver parmi eux l'emploi du bou­ clier. Ce n'est pas aux P o r t u g a i s des temps de la découverte qu'ils ont e m ­ prunté cette a r m e défensive, et l'on peut se convaincre dans Lery que l'u­ sage des targes de peau de tapir était familier aux Tupinambas et aux T a moyos. D u r a n t leur voyage, MM. Spix et Martius ont acquis la certitude que es P u r i s se servaient du bouclier dans leurs combats singuliers, et c'est à leur savant voyage que nous avons em­ prunté la planche que nous offrons ici. Aujourd'hui, sans d o u t e , il ne reste plus que quelques guerriers de la nation des P u r i s , et ils peuvent dire comme les Coroados : « Cette t e r r e

était à n o u s , et cependant nos enfants n'y trouvent pas même un asile. » Ainsi finit ce grand drame com­ mencé il y a plus de trois siècles, et qui s'est accompli lentement sur toute l'étendue de l'Amérique. Disons-le ce­ p e n d a n t , le gouvernement brésilien, devenu plus p a t e r n e l , s'enquiert cha­ que j o u r avec plus de sollicitude de ces nations malheureuses , dont il lui sera demandé u n compte sévère dans l'histoire. Il faut bien le d i r e , cette pitié est trop t a r d i v e , et si la race in­ dienne ne s'éteint pas complétement, elle a perdu son individualité, elle se confond déjà s u r plusieurs points avec celle des dominateurs. Soumis à cette grande loi qui livre désormais à u n e race envahissante, mais civilisatrice, toute l'étendue du nouveau m o n d e , le Brésil se couvre d'un peuple n o u v e a u , q u i , chaque j o u r , tend à devenir plus h o m o g è n e , et q u i , ayant emprunté à chaque variété de l'espèce humaine quelques-unes de ses qualités et de ses défauts, cherche maintenant son équi­ libre. D e nos j o u r s , l'issue de la lutte n'est plus d o u t e u s e , et le triomphe d'une civilisation indépendante est dé­ sormais assuré. SITUATION D U BRÉSIL EN 1837.

Ce

qu'il faut maintenant au Brésil, c'est l'échange facile de ses immenses ri­ chesses , c'est la multiplication des rou­ tes (*), c'est l'accroissement de la po(*) Les Brésiliens eux-mêmes sont chaque jour plus convaincus de cet axiome d'éco­ nomie politique qui regarde les roules connue le premier agent de la civilisation. U n éco­ nomiste brésilien instruit, M.Torres Homem, a dit récemment : « D'innombrables entrepri­ ses d'une utilité directe, pleines de vie, ne peuvent point se réaliser parmi nous, vu que bien au delà des économies faites, monte la demande des fonds productifs. Pourquoi n'ouvrons-nous point des voies rapides de communications entre les capitales des pro­ vinces? pourquoi ne rendons-nous pas nos fleuves navigables ? pourquoi ne raccourcis­ sons-nous pas les distances des provinces maritimes par la navigation à la vapeur? Voy. Nitheroy, Revista brasiliense. Paris, 1836. Selon toute apparence, cette feuille pleine d'intérêt doit être publiée par la suite à R i o . 24.


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