L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

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douleur officielle se termine par des fu­ nérailles analogues à celles que l'on remarque chez une foule de tribus. Ce qui caractérise celle des Mongoyos, c'est que le guerrier le plus regretté est celui que l'on pleure dans sa ca­ bane , jusqu'à ce que les membres tombent en putréfaction. Confié enfin à la t e r r e , et toujours environné des armes et des ustensiles qui doivent l'ai­ der à faire le voyage du pays des âmes, un bûcher s'élève sur sa tombe, et on l'allume pour chasser les mauvais génies. A-t-on des idées bien nettes sur la mythologie des Camacans-Mongoyos? Est-il vrai qu'ils déifient les âmes des m o r t s , et qu'ils en fassent des divini­ tés tutélaires ou redoutables ? C'est ce que plusieurs ouvrages s'accordent à dire. Par une croyance assez analo­ gue à celle des A r a u c a n s , q u i , durant les tempêtes, croient voir les âmes des morts combattre dans le ciel, ils pensent que l'on doit attribuer les o r a g e s , et probablement l'apparition des météores terribles, aux mânes des guerriers i r r i t é s , et ils sont convain­ cus qu'un homme qui emporte avec lui quelque idée de haine peut venir se venger sous la forme du jaguar. Cette idée grossière de métempsycose n'appartient pas à eux seuls en Amé­ rique , et on la retrouve sur les bords de l'Orénoque. Connus de tout temps par leur bravoure , les Camacans sont employés aujourd'hui avec succès con­ tre les hordes de Botocoudos que l'on n'a pas pu faire entrer dans une voie de civilisation, et on les fait marcher également contre les P a t a c h o s , leurs ennemis invétérés. Au rapport de M. D e b r e t , qui a donné une excellente figure d'un des chefs de t r i b u , les Camacans-Mon­ goyos déploient une rare habileté et une vigueur peu commune dans la ma­ nière dont ils se servent de nos haches de fer; et ce serait à eux qu'il faudrait appliquer ce que dit M. Azeredo Coutinho de l'habileté des Indiens em­ ployés dans l'exploitation des forêts. M E N I E N S . Il ne faut pas confondre avec les vrais Camacans - Mongoyos ,

une tribu hybride qui erre sur les bords du Belmonte , et qui porte aujourd'hui le nom de Meniens. Elle des­ cend en effet de cette nation puissantemais ses alliances fréquentes avec les noirs des plantations d'alentour, ont changé chez elle jusqu'aux caractères physiques de la race. L E S C O R O A D O S . Voici encore une nation importante dont on ne peut plus étudier que les débris disséminés sur différentes parties de la province, et jusque dans les contrées du sud. Les Coroados, auxquels ce nom a été imposé à cause de la manière dont quelques-uns d'entre eux rasent leur chevelure, les Coroados ne sont autre chose que les descendants de ces fa­ meux Goaytakazes, dont nous avons parlé à propos du riche territoire de C a m p o s , et qui jouent un rôle si im­ portant sur la côte orientale durant le dix-septième siècle. C'est dans les anciens a u t e u r s , dans Lery , dans Vasconcellos, dans le manuscrit de Paulo do P o r t o , que l'on doit étu­ dier l'origine de ces I n d i e n s , dont l'histoire est si curieuse. Les Goayta­ kazes ou Ouctacazes, dont on a si fréquemment altéré le nom véritable, appartenaient, selon toute probabilité, et d'après des caractères physiologi­ q u e s , à la s o u s - r a c e des Tapuyas; m a i s , par les habitudes, par les cou­ tumes qui leur étaient propres , ces sauvages différaient essentiellement des Tapuyas proprement dits. On pour­ rait même supposer qu'ils formaient un grand peuple intermédiaire entre les Tupis et leurs ennemis naturels. Ce qu'il y a de positif, c'est qu'ils se sub­ divisaient eux-mêmes en plusieurs tri­ bus, qui necessèrent, même après l'arrivéedes Européens, de se faire uneguerre implacable. Le territoire qu'occupaient ces Indiens, les campos d'Ouctakazes, si fertiles aujourd'hui et qui présen­ tent une population agricole si active, devaient, par leur configuration natu­ relle, donner un caractère particulier aux habitudes de ces Indiens. N'étant jamais arrêtés dans leurs marches par les grandes forêts, et ne pouvant pas faire cette guerre de ruses et d'embu-


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