BRÉSIL. ses que ceux d ' E u r o p e , et le flocon du bout de la queue extrêmement touffu ; leur couleur est brun-noir ou gris-jaunâtre sale. » Un a u t r e voya geur fait r e m a r q u e r que le pis des vaches du sertâo est infiniment plus petit que celui des bêtes à cornes de la même espèce que nous élevons; elles donnent aussi un lait moins abondant. On fait r a r e m e n t du beurre dans le sertâo ; mais on prépare des fromages analogues à ceux de Hollande, qui commencent à être recherchés, et qui sans doute seraient plus c o m m u n s , si le sel devenait plus abondant. Quant à la carne secca, ou viande sèche du sertâo, elle se prépare sans sel, et après qu'elle a été coupée par lanières ; c'est sans doute la raison pour laquelle elle prend à la longue un goût si nau séabond ; son plus ou moins de qua lité dépend de la manière dont elle a été exposée à l'air. Quelques personnes prétendent que la dessiccation déve loppe, dans ces viandes de bœuf, de l'acide p r u s s i q u e , et que l'usage peut en être dangereux. Les nombreuses populations qui s'en nourrissent ne paraissent pas en être incommodées. Les sécheresses, au surplus , en ont singulièrement diminué l'exportation; et, comme nous l'avons fait voir en citant le voyage de M . Arsène Isa belle, presque tout le tassau que l'on consomme sur le littoral est expé dié des charqueadas de Rio-Grande do Sul. Tous les ans encore néanmoins, on voit p a r t i r des C a m p o s - G e r a e s de nombreuses troupes de bœufs qui se dirigent principalement sur la capitale de Babia ; ces nombreux troupeaux , ces boiadas sans fin, que dirigent d'ha biles p a s t e u r s , offrent souvent des profits considérables ; car il n'est pas rare d'acheter dix à douze francs cha que tête de b é t a i l , et de la r e v e n d r e , rendue à sa destination, cinquante-six à soixante francs. Les cavalnadas, les troupeaux de chevaux, offrent en core des résultats plus i m p o r t a n t s . NATIONS INDIENNES HABITANT LES CONFINS D E M I N A S . L E S CAMAC A N S - M O N G O Y O S . Rien n'est plus com
mun , dans l'histoire du B r é s i l , que de
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voir un peuple qui a dominé jadis u n p a y s , forcé à abandonner cette con t r é e , pour se réfugier dans des forêts souvent fort éloignées des lieux qu'il occupait j a d i s : c'est ce qui est arrivé aux Camacans-Mongoyos. Bien que cette nation n'appartînt pas à la race dominatrice des T u p i s , elle p o u s s a i t , dit-on, ses incursions jusqu'à quatorze lieues de San-Salvador, dans les belles plaines de Cachoeira. Vaincue p a r un conquistador, elle vint se réfugier dans un lieu que l'on désignait sous le nom tfarrayal da Conquista. L à , elle vivait en apparence sous la protection des Portugais ; mais une tragédie san glante, qui allait achever la ruine des t r i b u s , n e t a r d a p a s à se t r a m e r en silence. L a vérité nous oblige à dire q u e , cette fois, les premiers actes de violence fu rent exercés par les Indiens. D e temps à a u t r e , on s'apercevait que quelques soldatsdu détachement disparaissaient. On était néanmoins bien loin d'accuser les Camacans de ces fréquentes déser t i o n s ; une circonstance nouvelle vint tout expliquer. U n soldat p o r t u g a i s , qui avait suivi un de ces sauvages dans la f o r ê t , se vit à l'improviste assailli par son perfide compagnon ; et il eût indubitablement p é r i , s'il ne se fût senti capable d'opposer u n e force et une adresse peu communes aux tenta tives de l'assassin. Dès lors le sort des prétendus déserteurs ne fut plus dou teux ; et la représaille qu'on tira du crime des Mongoyos fut terrible. On peut même dire q u e , venant de des cendants d ' E u r o p é e n s , elle surpassa en cruauté l'action des sauvages euxmêmes. Invités par le chef du quartel à une fête, ils s'y rendirent avec u n e sécurité complète, et la plupart d'entre eux furent impitoyablement massacrés. Après cet acte s a n g l a n t , qui confon dait l'innocent avec le coupable, les restes de la tribu prirent la résolution de fuir encore plus avant dans l'in térieur. Il existe, au fond de ces fo rêts profondes, un lieu solitaire que les Portugais ont nommé la montagne du Nouveau Monde (serra do Mondo Novo) : ce fut l à , dans un coin de la fo r ê t que l'on appelle Giboya, du n o m