L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

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L'UNIVERS.

portaient des pépites d'or comme ornement; mais, moins industrieuses que les Guaycourous, elles en faisaient usage telles qu'on les avait tirées du torrent. Nos aventuriers retournent à SaintPaul ; e t , pendant longtemps, ils sem­ blent avoir oublié la -nation goya, ainsi que les ornements de leurs fem­ mes , comme chose de trop faible va­ leur. Le père meurt, c'était l'époque où l'on venait de découvrir les mines de Cuyaba; le goût des explorations aventureuses se renouvelle chez le fils par l'appât d'un gain immense. Bartholomeu Buenno s'enfonce dans le désert ; il se met en quête de la nation goya; mais, pendant trois a n s , il la cherche en vain, et cependant il lui a fallu souffrir des fatigues inouïes ; il lui a fallu endurer toutes les misères du désert. Au bout de ce temps, il arrive à Saint-Paul, ayant cherché inutilement le pays enchanté; et ce qu'il y a de pis, c'est qu'il a perdu ja plus grande partie de son monde. Si l'on fait attention que Bartholonieu Buenno n'avait pas moins de cin­ quante ans alors, et qu'une quarantaine d'années s'étaient écoulées depuis qu'il avait accompagné son père, on sera moins surpris du peu de succès de sa course aventureuse. C'était un homme d'une probité reconnue, dit la chro­ nique. Le gouverneur n'hésita pas à l'envoyer de nouveau dans le sertäo; e t , chose merveilleuse, cette fois, après avoir surmonté des obstacles plus grands peut-être que ceux qu'il avait rencontrés dans son premier voyage, il arriva à deux lieues de l'en­ droit où s'est élevée depuis la capitale. L à , deux vieux Indiens sont faits pri­ sonniers : on les a reconnus comme appartenant à la nation goya; cela suf­ fit au certanista. Interrogés sur l'en­ droit où ont dù camper jadis les hom­ mes blancs, les deux vieillards s'offrent à servir de guide aux étrangers; et,au bout de quelques heures, Buenno peut reconnaître les lieux qu'il a visités jadis avec son père. La découverte n'est plus douteuse; les essais que l'on fait sur les lieux prouvent son importance.

Buenno retourne a Saint-Paul; mais c'est cette fois, c'est pour recevoir les félicitations générales, et revenir à la petite colonie avec le titre de capitào mor régent. Bartholomeu Buenno, que les In­ diens avaient surnommé Anhangadeira, ou le vieux diable, me paraît offrir le type parfait de ces Paulistes rusés et infatigables, auxquels aucun trésor ne restait caché dans le désert. Il n'hésite jamais dans ses résolutions, et il invente chaque jour de nouveaux stratagèmes pour en assurer le suc­ cès. Craint-il quelque trahison des In­ diens, comme cela arrive presque tou­ jours dans les nouvelles colonies, il va au-devant du danger, aussi fautil convenir qu'une observation bien stricte du droit des gens ne lui sert pas toujours de guide dans sa con­ duite. Les femmes d'une tribu sont enlevées, et non-seulement les Indiens abandonnent leurs projets de révolte, mais ils indiquent de nouveaux sables aurifères plus abondants que les an­ ciens. Ces richesses lui paraissent-elles insuffisantes; soupçonne-t-il l'exis­ tence de mines qu'on lui veut cacher, une ruse plus innocente que la pre­ mière les lui fait bientôt découvrir. A l'imitation d'un aventurier français, M. de Tissonet, qui voyageait à SaintDomingue, il se contente de faire brûler un peu de tafia dans un plat d'etain ; et il déclare aux sauvages épouvantés que, s'ils persistent dans leur silence, une flamme bleuâtre, mais dévorante, va bientôt parcourir leurs fleuves, et qu'après les avoir taris , on lui verra incendier les forêts. Il est bon de le dire néanmoins, quels que soient les moyens qu'il emploie, on ne cite pas de sa part d'actes vrai­ ment cruels; et telle est bientôt la réputation acquise par les mines de Goyaz, qu'une foule de Paulistes ne veulent plus s'exposer aux périls de la route qui conduit dans le Mato-Grosso, et viennent se fixer dans la province qui l'avoisine. C H E R T E PRODIGIEUSE DES DEN­ R É E S . L'affluence devint telle au bout

de deux ans, qu'une espèce de lamine


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