La France , l'émigration, et les colons. Tome second

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( 378 ) de sa fortune que lorsqu'elle est libre de dettes, tout ce qu'il doit n'est pas à lui ; tant qu'il doit, il est l'homme d'affaires des autres; u n Etat qui ne doit pas, est le maître de ceux qui doivent, car il présente une bien autre étoffe au crédit, sans lequel aujourd'hui un Etat ne peut plus se mouvoir. L a France doit faire le contraire de l'Angleterre, dans laquelle des ministres destructeurs de l'ouvrage de Pitt, depuis quelques années, ont détourné le fonds d'amortissement vers l'acquittement des dépenses courantes, et l'ont borné à 120,000,000 fr., qui équivalent à la cent-quatrevingtième partie de la dette actuelle, de manière à avoir allangui son effet, et préparé à l'Angleterre de grands embarras pour ses guerres à venir, guerres que l'état du continent et de l'Amérique peuvent souvent ramener pour elle. Pitt avait agi pour l'éternité ; ses successeurs ont procédé viagèrement : ce sera aux générations suivantes à pourvoir à leurs besoins; Pitt avait déployé sur cet avenir les ailes de sa prévoyance, et sans prévoyance gouverne-t-on ? Qu'on se garde d'accorder de l'attention à la pernicieuse doctrine que les États doivent avoir des dettes ; qu'elles sont des principes de richesses, c'est le contraire qui seul est vrai. Les capitaux qu'absorbent infructueusement les bourses publiques, seraient em-


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