La France , l'émigration, et les colons. Tome second

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( 599 ) O n pense, et l'on sait bien que c'est aussi l'avis de M . le comte d'Artois, qu'il ne faut rien dissimuler au roi son beau-père ; la franchise, qui n'ôte rien de la prudence, est toujours le plus sûr de tous les moyens à employer dans les grandes affaires c o m m e dans les petites. Il est donc essentiel d'avertir le Roi, que nous nous attendons qu'aux premières démarches de M . le comte d'Artois, de quelque nature qu'elles soient, ce prince recevra d u Roi son frère des ordres, soit volontaires soit forcés, de ne point agir. Le Roi pense-t-il, dans sa position actuelle, que le Roi de France soit libre? croit-il que ses fidèles sujets doivent regarder ses ordres c o m m e sacrés ou c o m m e subreptices, et par conséquent nuls? Les ordres d'un Roi prisonnier doivent-ils arrêter les effets de l'attachement que les princes de son sang sont disposés à lui marquer ? Les dépêches, les lettres aux autres souverains, pour les prier de l'y laisser, doivent-elles suspendre toute l'énergie de leur générosité ? Est-il de leur intérêt d'y avoir égard ? Si le Roi le pense, on croit qu'il vaudrait encore mieux pour les princes de rester dans l'inaction, que de se couvrir de honte en abandonnant l'entreprise quand elle serait une fois entamée. Si le Roi pense, au contraire, qu'il est du devoir des princes et de la grandeur des souverains de sauver le Roi de France, m ê m e malgré lui, il serait bon que ceux qui voudraient nous secourir fussent prévenus de ce genre d'obstacles, auquel ils pourraient bien ne pas s'attendre. O n croit que M . le comte d'Artois doit mettre ces questions sous les yeux du Roi ; et, d'après ses sages conseils, ne pas perdre un m o m e n t , et s'assurer de quelques bases


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