La France , l'émigration, et les colons. Tome second

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( 596 ) d'actions, ne prennent bientôt la place des sentimens op­ posés qui, depuis deux ans, sont la cause de tous les malheurs.

IV.

Mémoire sur le moment présent. A Turin, 3 octobre 1789.

D'APRÈS les conversations qu'on a eues avec le roi de Sardaigne, dont la justesse d'esprit et les vertus vraiment royales percent à chaque mot, on prend la liberté de conseiller à M . le comte d'Artois de prendre plus tôt que plus tard ses excellens avis pour arrêter un plan de conduite dont il serait aussi dangereux de ne pas jeter les premiers fondemens, qu'il serait téméraire de le faire encore sans avoir préparé les bases. Depuis trois mois nous attendons les événemens, et c'est tout ce que nous avions à faire. Sans doute il n'est pas temps encore d'agir ouvertement (et d'ailleurs comment le pourrions-nous ?,), mais nous sommes arrivés à l'époque où nous ne pouvons, sans trahir la cause du Roi de France, la nôtre, et, j'ose dire, celle de tous les souverains, rester dans une inaction absolue : une grande partie de nos provinces est mécontente de tout ce qui se fait ; nous ne pouvons en douter; mais si elles osent lever l'étendard de la résistance sans être puissamment secondées par nous, elles seront écrasées, et nous le serions nous-mêmes, si nous allions trop légèrement, et sans moyens, nous mettre à la tête de ces troupes,


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