La France , l'émigration, et les colons. Tome second

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№ III. Lettre du duc de Brunswick au roi de Prusse. L E S motifs, Sire, qui m'ont fait demander m o n rappel de l'armée étaient fondés sur l'expérience malheureuse que j'ai faite. Le manque d'ensemble, la méfiance, l'égoïsme et l'esprit de cabale, ont détruit pendant deux campagnes de suite les mesures prises, et fait échouer les plans combinés des armées coalisées. Accablé du malheur d'être enveloppé, par les fautes d'autrui, dans la situation fâcheuse où je m e trouve, je sens vivement que le monde juge des militaires d'après les succès, sans en examiner la cause. La levée du blocus de Landau fera époque dans l'histoire de cette malheureuse guerre, et j'ai le malheur d'y être compris ; la critique tombera sur moi, et l'innocent sera coufondu avec le coupable. Malgré toutes ces difficultés, je ne m e serais pas laissé aller au désir de quitter une carrière qui a fait la principale occupation de m a vie ; mais quand on en est pour ses principes, son travail, ses efforts, que les fruits de la campagne sont perdus, et qu'il n'y a aucun espoir qu'une troisième campagne offre des résultats plus avantageux, quel parti reste-t-il à prendre à l'homme le plus zélé, le plus attaché aux intérêts de Votre Majesté et à sa cause, que celui d'éviter de nouveaux malheurs ? Les mêmes raisons diviseront les puissances coalisées qui les ont divisées jusqu'ici ; les mouvemens des armées en souffriront c o m m e ils en ont souffert ; leur marche en sera ralentie, embarrassée, et le retard du rétablissement de l'armée prussienne, politiquement


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