La France , l'émigration, et les colons. Tome second

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( 307 ) ment, et ne se retrouve plus que chez quelques personnes soit à mémoire inexorable par intérêt, soit qui mettent une espèce d'honneur à ne rien oublier, telles que des vieilles femmes ou de ces h o m m e s casaniers, qui, semblables aux plaideurs, ne parlent que de leurs pertes, vraies ou supposées. Le reste de la population

vit, tran-

sige avec les acquéreurs c o m m e avec le reste des citoyens, sans enquête, sans distinction et sans reproches. Et que serait-ce, grand Dieu ! si cette allégation avait quelque fondement ?

Dix

millions d'hommes sont intéressés à ces ventes ; une masse pareille de population serait en état de blâme social ! N'est-ce pas au contraire cette masse m ê m e qui l'en met à l'abri, et qui doit faire repousser cette idée? Les neuf dixièmes de ces détenteurs sont des habitans de la campagne, cultivant ces biens de leurs mains, en tirant leur subsistance journalière ; les autres sont des habitans des villes, exerçant des professions de toute espèce, qui leur donnent des relations continuelles avec le peuple. Q u e font à toute cette population l'éloge ou le blâme de quelques personnes isolées, sans influence, et qui veulent former une opinion avec leurs regrets et leurs seules idées ? L a vérité est que toute cette affaire de vente et d'émigration est morte dans la pensée du corps de la

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