La France , l'émigration, et les colons. Tome second

Page 120

( 414 ) moyens propres pour restaurer sa fortune ; bien mal avisé serait celui qui y trouverait à redire ; car par quoi, dans cet état, serait-elle regardée c o m m e u n fardeau ? L'émigration a trouvé, en France , comme

une conspiration pour lui faciliter la

rentrée ; tout le m o n d e lui a prêté la main ; son séjour a été tranquille et honoré ; son retour à la richesse n'a pas excité l'envie ; tout émigré populaire est devenu un objet d'affection c o m m u n e , et de suffrages quand il y a eu lieu : mais il ne faut pas que l'émigration se trompe sur la nature de cette disposition ; elle se rapportait aux personnes et à leurs malheurs, objets très légitimes de ce sentiment. Mais elle était loin de s'étendre au système de l'émigration : celle-ci était dans une position inverse dans l'esprit des Français, aussi peu en faveur que les individus s'y trouvaient en considération. Les émigrés regardent leur

entreprise c o m m e le beau idéal de la chevalerie, comme

le renouvellement des temps héroïques de

la noblesse. Permis à eux de s'y complaire ; mais ils peuvent se tenir pour assurés qu'on en juge autrement dans l'ensemble de la nation : les peuples n'ont rien à démêler avec les paladins ; la beauté des anciens jours les touche fort peu, et ils donneraient tout le romantisme pour un impôt de moins. De quelque couleur que l'on décore l'émi-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.