La France , l'émigration, et les colons. Tome Premier

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Tel était l'état de la France; ou l'avait vu au départ de Mesdames. Il ne s'agit pas de savoir si cet état était à tort ou bien à raison, mais s'il était tel, et s'il n'opposait pas des obstacles insurmontables au succès d'une évasion. Ainsi, il est très probable que le Roi, arrivé à M o n t m é d y , n'en eût pas été plus avancé. Pour le croire , il faut se rappeler l'état de Paris lors de cet événement. Quel silence terrible et effrayant fut celui de cette cité ! c'était celui qui précède les ouragans ou les éruptions des volcans. Quelle explosion à la nouvelle de l'arrestation ! Jamais le m o n d e n'a rien vu de pareil ! Qu'il était imposant et significatif ce calme avec lequel l'Assemblée procéda dans cette grave occurrence ! Déjà l'Assemblée avait pris ses mesures

et ne craignait pas la guerre. Qu'aurait

fait le Roi avec une poignée de soldats? et ceuxci étaient-ils bien sûrs? Toute la force était d u côté de l'Assemblée. 11 est m ê m e probable que, dès ce temps, la république eût été proclamée (I). L e parti constitutionnel, auquel le retour de V a -

(I) U n e heure auparavant l'arrivée de Drouet, M . D i nochau, député de Blois, m e dit : « Nous avons déjà trentedeux départemens et six mille municipalités pour la république; Paris seul aurait fourni 5o,ooo h o m m e s prêts à marcher. »


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