La France , l'émigration, et les colons. Tome Premier

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drapeaux. L e mépris de l'adversaire est une chose d'un grand danger: ce sentiment a dominé parmi l'émigration. U n e noblesse militaire est naturellement portée à croire que rien n'est au-dessus de son courage : ce sentiment est le principe des grandes actions; mais pour qu'il ne devienne pas funeste, il faut qu'il soit réglé sur l'état des temps et des circonstances. D'ailleurs, le courage et l'esprit sont trop c o m m u n s dans la famille française, pour que quelques-uns s'attribuent une part exclusive, ou exorbitante dans l'héritage c o m m u n . Il faut appliquer les m ê m e s règles de jugement à deux choses dont on trouve une mention fréquente dans l'histoire de ce temps, et dans les conjectures auxquelles il a prêté. 1°. 11 a été souvent question de fuites et d'enlèvemens à l'égard de Louis X V I ; 2 ° . on a beaucoup dit que la place des émigrés n'était pas au-delà du Rhin, mais autour du Roi. Ceci a besoin d'explications : elles doivent porter sur l'état du temps; c'est lui qui décide dans cette question. 11 s'était établi, dès le c o m m e n c e m e n t de la Constituante, une opinion qui a duré long-temps., celle d'éloigner le Roi de l'Assemblée, c o m m e m o y e n de lui rendre d u pouvoir. Il semble que cette opinion était fondée sur une idée bien irréfléchie, celle que l'autorité agit par elle-même.


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