Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

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DES COLONIES.

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çaient, et tomber sous les pieds des coursiers qui les écrasaient. L'Espagnol fut gratuitement féroce en Amérique ; il n'en avait pas besoin ; il ne l'avait jamais été en Europe. On ne sait à quoi attribuer les horribles excès auxquels il s'abandonna tout-à-coup, comme par une inspiration générale et soudaine, si ce n'est à l'orgueil du commandement, à l'espèce d'hommes qui étaient ses conducteurs, et à cette sorte de rage qui saisit quelquefois et transporte tout-àcoup une nation; crise affreuse, qui, traînant toujours à sa suite la honte et le remords , fait pendant long-temps rougir une nation d'ellemême. La conquête de l'Espagne par elle - même ? sur les Maures, et celle de l'Amérique, sont les deux époques de la gloire de cette nation ; il semble qu'elle n'attendait que ce moment pour s'éclipser,, et qu'elle crut alors avoir rassemblé assez de lauriers pour avoir le droit de se reposer, pendant des siècles, sous leur ombre incorruptible. Dès qu'elle n'eut plus d'ennemis chez elle, et qu'elle fut riche au dehors, elle se ralentit tout-à-coup , et sembla L 26


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