Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

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DES COLONIES.

pagne n'est en grande partie que le commissionnaire de l'Europe, le locataire des facteurs de l'Europe avec l'Amérique. Si l'on ne vit jamais rien de plus bizarre en soi-même , jamais aussi on ne vit rien de moins lucratif pour une métropole. Toute la conduite de l'Espagne avec ses colonies, a donc été, non pas de s'élever avec elles, mais de les faire descendre à son niveau, d'assurer leur soumission par leur pauvreté, et de les exténuer pour les contenir ; elle avait l'air de regretter dene pouvoir les enterrer toutà-fait. L'Espagnol, loin d'avoir rapporté la découverte et la possession de ses colonies à l'augmentation du travail et de l'industrie, ne les a considérées que sous les rapports de l'augmentation de la richesse métallique; il n'a vu en elles que des métaux à découvrir et à extraire en nature ; il a pris l'effet pour la cause ; il a voulu avoir la chose sans le moyen productif de cette chose, et avoir l'argent avant le travail, tandis que dans l'ordre naturel il ne doit venir qu'après lui. Cette méprise, en jetant l'Espagne dans une fausse route, l'a jetée dans un état qui équivau t à l'absence même des colonies : qu'im-


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