Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

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DES COLONIES».

tout un peuple en avares, ne lui laisse plus que le désir d'accroître sa richesse, même sans savoir en jouir! Quelle différence pour l'Espagne, si, renfermant ses désirs dans les bornes de ses facultés , elle se fût prescrit des limites volontaires , et si, faisant dans ses vastes acquisitions le choix que son intérêt lui aurait dicté, elle eût abandonné tout le reste! On eut pris pour magnanimité ce qui n'était qu'intérêt bien entendu, et l'Espagne aurait eu à la fois l'honneur et le profit de cette résolution ; elle eût évité les terribles inconvéniens sous lesquels elle s'est placée et est restée volontairement, par pure avidité et sans utilité réelle. Quelle difference, encore pour l'Europe eu général, si, par cet abandon, l'Espagne eût laissé à d'autres peuples la place qu'elle occupe inutilement pour elle et pour les autres? Comme ils en auraient tiré parti; comme ils auraient mis à profit cette variété de productions, que la nature semble y créer en se jouant; comme leur population, et plus nombreuse et plus active, eût bientôt embrassé, couvert, exploité cette heureuse terre, restée infertile


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