DES COLONIES,
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celle d'une guerre, et d'une guerre toujours également malheureuse pour elle. Ses armées, toujours incomplètes en Europe, suffisaient à peine à la défense de ses domaines , avec lesquels elles n'étaient pas proportionnées; chaque année voyait menacer ou ruiner quelqu'une de ses possessions; l'Espagne tombait en lambeaux en Europe; et, pendant Ce temps, elle n'allait pas moins se répandre sur toute la surface de l'Amérique , et sur une partie de celle de l'Asie. Ses habitans périssaient en foule aux colonies, par l'insalubrité du climat , par celle des défrichemens , par l'ignorance du régime convenable dans ces nouvelles contrées : l'espèce des remplaçans, composée en grande partie d'aventuriers , était nécessairement trèsmauvaise. Les vices de tout genre que le climat, la richesse , et l'orgueil de la domination introduisirent parmi les conquérans , ajoutaient beaucoup aux causes de mortalité habituelles dans les colonies; elles décimaient les malheureux Espagnols, et cependant ceux-ci ne songeaient encore qu'à s'étendre : inconcevable délire, passion inexplicable qui, transformant