Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

Page 384

342

DES COLONIES.

pour pouvoir appartenir long-temps à l'Angleterre : aussi n'a-t-elle pu les conserver pendant cent cinquante ans. Dès qu'il se sentirent peuplés de trois millions d'habitans, ils se firent libres, bravèrent la métropole, et brisèrent son joug. La choseétait forcée : trois millions d'Américains se sentaient en force pour résister par leur masse aux détachemens que l'Angleterre pouvait diriger contre eux. Celle-ci ne pouvait faire agir qu'une fraction, qu'une parcelle de sa population ; l'Amérique pouvait se défendre avec toute la sienne : elle n'avait donc pas besoin d'équivaloir à la population de l'Angleterre , mais seulement à la partie de cette population qui était disponible contre elle: ce n'était jamais que dix mille ou vingt mille Anglais qui pouvaient venir l'attaquer; et de son coté c'était avec la totalité de sa population qu'elle pouvaitla repousser. Ceux-là avaient à venir de loin, avec tous les désavantages attachés aux expéditions maritimes ; la population américaine était toute portée sur le terrain. Une métropole ne peut pas se déplacer en corps de nation; une nation au contraire peut se défendre avec


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.