DES COLONIES.
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tion comme la chose indispensable ; toujours ils se sont dits désirés, appelés, et nécessaires au bien des pays dont ils étaient séparés. Des émigrés d'Athènes jusqu'à ceux de France et des colonies , il n'y a eu qu'un langage et qu'un esprit : l'esprit colon est justement l'esprit émigré. A entendre ceux-ci , la rentrée en France était la chose la plus facile : ils étaient attendus, désirés; on a vu en cent endroits le résultat de ces illusions qui ont déposé , sur les entreprises formées d'après elles, les plus lugubres souvenirs. De petits complots, bien secreis , bien obscurs, devaient, à les entendre, conduire à frapper au cœur même la puissance ennemie. On a vu des agens aux colonies promettre, essayer et réussir de même. Les discours , les écrits des colons sont tous marqués au même sceau d'âcreté (1) et d'illusions qui caractérisent ceux de l'émigration. L'esprit colon n'est pas moins incompatible avec les colonies, que l'esprit émigré l'a été, (1) Voy. l'ouvrage de M. le comte de Saint-Morys, dans lequel sont relatés plusieurs de ces écrits.