Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

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DES COLONIES.

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ment, était se conduire aux colonies comme si on y existait seul, comme si les autres n'y avaient pas d'esclaves , comme si la cause des esclaves n'était pas commune ; passer outre à ces motifs bien légitimes d'hésitation, arborer sur de petites possessions le sign al de l'affranchissement des Nègres, était arborer celui de l'affranchissement général, qui devait être, et qui a été aperçu de loin. Isolé au milieu d'intérêts semblables, cet acte est anti-social, coloniale-

gue, qui menaçait de trop près les autres colonies, pour qu'on n'ait pas dû s'occuper dès-lors d'y chercher quelque remède , ou du moins quelques préservatifs. D'ailleurs il est bien rare que ce soit au moment où de grandes révolutions éclatent, que les hommes même les plus exercés aux affaires en saisissent à la fois les principes, l'étendue et les résultats-, il en est de la politique comme de ces maladies nouvelles, qui font un grand nombre de victimes auparavant que l'observation en ait assigné la nature , et que l'art en ait arrêté les progrès. Le nom du grand ministre, auteur de l'acte que nous rapportons, le comte de Bernstorff, suffit pour garantir la pureté des vues qui l'avaient inspiré.


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