Des colonies et de la révolution actuelle de l'Amérique. Tome Premier

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DES COLONIES.

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n'est pas à ceux qui ont vu cet état, et qui se sont élevés contre, mais à ceux qui l'ont créé. Espéraient-ils donc qu'on ne s'en apercevrait jamais? Il y a des hommes bien étranges ! ils ne se refusent rien de ce qui peut convenir à leurs fantaisies, ou satisfaire leurs convenances de cupidité ou d'ambition; et, quand on vient à le remarquer ou à le redresser, ils s'écrient qu'on leur manque de respect. Vous labourez vos champs avec des tigres, et un jour ou l'autre vous ne seriez pas dévorés? Vous transportez la Guinée aux colonies, et un jour ou l'autre elle ne cherchera pas à s'y rendre maîtresse à son tour? Imprudens! il ne vous sert de rien de reculer à l'aspect des fruits que vous avez greffés; il fallait y regarder auparavant. Deux principes sont incontestables : le premier que les colonies ne pouvaient se passer de nègres ; le second, que les colonies ne pouvaient manquer d'être absorbées par les nègres ; le temps ne faisait rien à l'affaire : un peu plutôt, un peu plus tard, cela devait arriver. Donnezmoi des colonies vastes, couvertes d'une population d'esclaves disséminés dans des habi-


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