( 165 ) cession de toute la partie de l'île qu'elle possédait. Cet abandon étoit contraire au traité d’Utrecht , qui proscrit directement la réunion des deux parties de l'île sous une même domination. Mais la révolution ne prend guères conseil de l'ancienne diplomatie , et ce n'est pas dans les vieilles archives qu'elle va chercher ses plans. Saint-Domingue appartient donc en entier à la France. Cette réunion a donné lieu à trois questions : La première , qu'a perdu l'Espagne? La seconde , qu'a gagné la France ? La troisième , qu'a gagné la colonie ? La première est décidée par des faits incontestables. Depuis le commencement du siècle jusqu'en 1784, la magnifique colonie de Saint-Domingue a coûté à l'Espagne 84 millions; depuis ce tems, elle ne coûtoit plus que 900,000 liv. par an. L'Espagne gagne donc annuellement
900,000
liv. à perdre Saint-Do-
mingue. Perdre une possession onéreuse, estce faire autre chose que gagner ; mais l'idée de perte est tellement attachée au seul nom de cession, qu'on ne l'en sépare jamais, etqu'oiî commence par appeler perte , ce qui est dans le fait un gain véritable.