( 164 ) à douze ou treize mille têtes, ne suffît pas aux besoins de leurs colonies. Avant la réunion des monarchies de France et d'Espagne dans la maison de Bourbon , Saint-Domingue étoit en proie aux malheurs de la guerre, qui régnoit habituellement entre les deux métropoles. Leur voisinage f'aisoit leur infortune commune ; car les colons n'étant pas puissance, mais producteurs, toute hostilité est contraire à leur destination essentielle et primitive. Les flibustiers vouloient chasser les Espagnols, et le promettoient à la cour de France. Les Espagnols, de leur côté, aidés par les Anglais, vouloient en faire autant en 1683. Ducasse sut les arrêter et s'en venger sur la Jamaïque. Il alloit en faire autant sur le Saint-Domingue espagnol; la paix et la succession d'Espagne ont arrêté le renouvellement des hostilités pendant tout le siècle. Elle l'auroit empêché pour toujours, et SaintDomingue étoit réservé à montrer le temple de Janus fermé sans retour , lorsque la révolution est venue le rouvrir, et armer de nouveau les deux peuples l'un contre l'autre. L'Espagne a expié la maladresse de sa guerre, et la mollesse de sa défense, par la