Les français en Amazonie

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LES FRANÇAIS

qui au caoutchouc vaut seulement douze francs cinquante centimes, vaut vingt francs au cacao et vingt-deux francs cinquante à la noix du Brésil. U n Indien que l'on pourrait faire travailler l'hiver au caoutchouc et l'été au cacao ou à la noix du Brésil, — mais on obtient difficilement de l'Indien tant de travail suivi, — rapporterait plus de deux mille francs par an. Au moins peut-on compter sur u n m i n i m u m de mille francs. Le travail des demi-civilisés du C o u n a n i comme de l'Amazone est encore plus rémunérateur, car, si on les paye le double et si o n les n o u r r i t mieux, aussi fournissent-ils une somme de travail b e a u c o u p plus considérable. Malheureusement il n'y a plus guère aujourd'hui de ces travailleurs de disponibles sur le marché amazonien ou counanien. Mais ces produits forestiers sont-ils abondants dans le C o u n a n i ? Il suffit de répondre q u e le caoutchouc vit en famille à quelques heures au-dessus du village, q u e la salsepareille et la noix du Brésil abondent partout dans le Grand Bois, que d'immenses forêts de carapa bordent les rives du fleuve Cachipour, et qu'enfin le cacao... Mais le cacao mérite u n e mention spéciale. Sans parler du cacao sylvestre, qui se trouve un peu partout dans les hautes terres, n o u s avons à C o u n a n i le cacao franc, le cacao cultivé. A u n jour de canotage au-dessus de la capitale, sur la rive droite du fleuve, longeant la rive droite pendant quatre kilomètres et sur u n kilomètre de profondeur, se trouve u n e des plus vastes cacaoyères du bassin de l'Amazone. Cette cacaoyère, la cacaoyère de C o u n a n i , a été plantée par les jésuites en 1780. Elle compte plusieurs milliers de pieds de cacao. Actuellement elle est propriété c o m m u n a l e , ou plutôt terrain vague, res nullius. Les C o u n a n i e n s y vont charger de fruits leurs goélettes. Ils les cueillent parfois même verts pour manger la pulpe, qui est sucrée et rafraîchissante. Ils récoltent les fruits m û r s p o u r en extraire le chocolat nécessaire à leur c o n s o m m a t i o n . Quelques-uns, plus m o d e r n e s , v o n t jusqu'à exporter leur récolte. E n somme, les trois q u a r t s , au m o i n s , de la production se perdent. Cependant ce qui est ainsi


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