Les français en Amazonie

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LES FRANÇAIS

libres. D o n c , délimitez la frontière p o u r installer vos récidivistes dans la seule partie de Guyane où n o u s puissions intelligemment et h o n n ê t e m e n t les reléguer : dans la prairie du territoire contesté. O n peut encore envisager la question à u n autre point de vue, et plus grave. T e l l e m e n t grave, q u ' o n ne peut guère insister. Maintenant que vous envoyez 20 000 récidivistes en G u y a n e , vous allez laisser subsister le contesté? Mais des bandes de récidivistes n ' a u r o n t qu'à s'évader, — chose ni difficile ni rare, et ils formeront u n e république de chenapans entre la G u y a n e et le Brésil. Ni le Brésil ni m ê m e la F r a n c e ne sauraient, le cas échéant, tolérer u n tel état de choses. P r e n e z les d e v a n t s ; établissez u n e frontière qui rende l'extradition possible. Sans cela le Brésil ne tardera pas à faire entendre de violentes mais justes réclamations. Gardons-nous de ce côté. N o u s p o u r r i o n s avoir là, u n jour, plus tôt q u ' o n ne pense, u n e bien grosse affaire. E t n o u s en avons assez comme cela par le monde. La frontière u n e fois délimitée, il se formera dans l'avenir, dans la prairie de l'Oyapock, au lieu d'une tribu de forçats en r u p t u r e de ban, une colonie française de peuplement, dont l'heureux développement est assuré par l'excellence du climat et la facilité du travail dans les savanes, et dont la présence à l ' e m b o u c h u r e de l'Amazone ne sera pas sans intérêt p o u r la patrie française. Cet avantage de n o u s valoir, à l'embouchure de l'Amazone, u n beau territoire de colonisation nationale qui serait, en attendant, le plus excellemment choisi de tous nos ateliers pénitentiaires, n'est pas le seul que n o u s présenterait la solution du différend franco-brésilien. O n a pu voir récemment, en 1883-84, à propos de ma très pacifique exploration de la région litigieuse, combien était chatouilleux, à cet endroit, le patriotisme brésilien. Il serait donc sage et p r u dent de détruire à jamais, entre deux nations amies, ce p e r pétuel ferment de discorde. Il es», en effet, bien évident, qu'il y a u n intérêt majeur p o u r la F r a n c e à n'avoir que de loyaux amis p a r m i ces jeunes peuples latins qui sont déjà au


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