Les français en Amazonie

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enracinée dans une terre sèche; dans le premier, au contraire, il s'agissait de détruire une vieille forêt inondée. P o u r résumer, on voit que la colonisation en prairie est infiniment moins périlleuse, moins pénible et moins c o û teuse que la colonisation en forêt. La mortalité y serait peutêtre de 5 pour 100 par an contre 5o en forêt; la dépense, de 5 000 francs par lot de 200 hectares contre 5o 000 dans la forêt vierge. Ces chiffres me paraissent assez près de la vérité. Je parlais tout à l'heure des campos de l'Apurema, d ' O bidos et du Rio-Branco. J'ai longtemps séjourné dans ces districts, surtout dans le premier et le dernier. Je connais tout le m o n d e au Rio-Branco et à l'Apurema, et si les h a b i tants de ces deux territoires se trouvaient en ce m o m e n t devant n o u s , je pourrais les faire venir les u n s après les autres et leur dire à tous successivement: « T o i , tu t'appelles u n tel et demeures en tel endroit. » E h bien, dans ces campos il y a u n commencement de colonisation. La population n'est pas européenne et se compose en plus grande partie de mamelukos (métis de blancs et d'Indiens). Mais on y trouve déjà aussi quelques blancs, blancs brésiliens, portugais, vénézuéliens. Blancs et métis jouissant de l'aisance et de la santé, ils sont heureux. L e u r passion est de p a r c o u r i r à cheval leurs étendues, habitude qui leur donne u n air mâle et fier q u e je n'ai jamais c o n n u au m a m e l u k o des forêts. Ce c o m m e n c e m e n t de colonisation est réellement p r o s p è r e . Il y a vingt ans, il ne se trouvait pas dans les trois districts plus de 25 000 boeufs et de 5 000 chevaux. A u j o u r d ' h u i je compte environ 17 000 chevaux et 85 000 bœufs, ainsi r é p a r t i s : Rio-Branco, 25 000 bœufs, 5 000 c h e v a u x ; O b i d o s , 50 000 bœufs, 10 000 chevaux; A p u r e m a , 10 000 bœufs, 2 000 chevaux. E t cela pour u n petit nombre d'individus : 35 fazendas (fermes) au R i o - B r a n c o , 60 à O b i d o s , 15 à l'Apurema, avec u n e population civilisée de 1 000 individus au R i o - B r a n c o , 2 000 à Obidos, 200 à l'Apurema. Ces prairies s'étendent dans le haut Rio-Branco, du Majari au C u y u i n i , du Cuite Auaú et du Mocajahi au R o r o i m a , sur


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