Appel au pays

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Nous arrêterons là ce tableau chronologique, nous bornant à rappeler brièvement les actes d'Esterhazy, lorsqu'il est sous le coup de la dénonciation de Mathieu Dreyfus. 11 s'attache d'abord à la rendre vraisemblable, parcourant les salles de rédaction pour proclamer que son écriture a une ressemblance effrayante avec celle du bordereau (1). Tandis que le Figaro menait contre lui une campagne acharnée, il collaborait régulièrement à ce journal (2), allait y lire en épreuves les articles où il était insulté, et les commentait (3). Il était d'ailleurs particulièrement renseigné sur ce qui se passait dans le camp de Dreyfus : c'est par Esterhazy qu'on a connu à l'Etat-Major les détails de la lettre « F accuse » de Zola (4). Toutes ces démarches prouvent sa connivence avec ses prétendus ennemis. Elles avaient pour but d'affoler l'opinion publique, de jeter le doute, d'ébranler l'autorité du jugement du Conseil de guerre qui avait repoussé la dénonciation de Mathieu Dreyfus, celle de l'arrêt de la Cour d'assises qui avait condamné Zola. Il restait à Esterhazy mieux à faire : il lui restait à tenter de déshonorer les officiers qui, convaincus de son innocence, étaient venus lui porter secours et l'assister dans une lutte qui paraissait devoir être terrible, il lui restait à faire croire que l'Etat-Major avait « partie liée » avec lui, suivant son expression. Il commença par l'affirmer en envoyant un (1) (2) (3) (4)

Echo de Paris du 1 7 novembre 1 8 9 7 . Eclair du 2 juillet 1 9 0 6 , article de M . Judet. lUinach, 111, 1 0 . Cats., II, 194, déposition du colonel du P a t ; de Clam.


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