L'agriculture pratique des pays chauds (1913)

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ÉTUDES

ET MÉMOIRES

Suivant les recherches de MM. Levrat , et A. Comte, la soie du Borocera Madagascariensis serait blanche ou moment où la chenille commence à filer son enveloppe. — La coloration grise ou brune des soies sauvages serait provoquée par l'émission, au moment de la transformation en chrysalide, d'un liquide en grande partie composé d'urate d'ammoniaque qui souille la coque soyeuse et l'imbibe entièrement par capillarité. — Cette substance commence par ramollir momentanément le cocon, puis durcit rapidement en séchant et lui donne une grande fermeté en jouant ainsi le rôle d'un véritable apprêt. En durcissant, cette matière brunit et colore la soie d'une façon d'autant plus apparente qu'elle est plus abondante. Les indigènes ne savent pas dévider les cocons de Landibé ; ils se contentent de les filer au fuseaucomme ceux du ver à soie de Chine, après les avoir ouverts pour enlever les chrysalides. Cette opération est exécutée après avoir fait bouillir les cocons vidés et retournés, dans une eau contenant des cendres. — Cette première phase de l'opération a pour but de commencer à dissoudre le grès et à désagréger les coques, mais on doit compléter cette désagrégation en les laissant macérer dans l'eau pendant près d'une semaine.La macération est parfois remplacée par un commencement de fermentation, en enterrant les cocons vidés. La soie est alors lavée à plusieurs reprises à grande eau, puis étirée et cardée en l'effilochant à la main, et transformée en fil de la même façon que la capsule de coton, avec une sorte de fuseau appelé « Ampela » ; ou simplement à la main, en mouillant légèrement la masse soyeuse qu' on tord ensuite, au moyen du doigt, en la frottant contre la jambe. Il ne semble pas qu'on connaisse actuellement un moyen bien pratique pour dévider les cocons de Landibé. Il est possible cependant, que la méthode préconisée par M. Levrat, méthode qui a donné de bons résultats avec un grand nombre de Bombycides sauvages, puisse être appliquée ici 1. Ce procédé consiste à dissoudre le grès, qu'on ne peut arriver à 1. Depuis le moment où ce rapport a été écrit, MM. Piret et Agniel sont arrivés à dévider un petit lot de cocons de Borocera Madagascariensis, en les soumettant à l'action d'une lessive de potasse chaude. Les deux premières flottes obtenues ont été déposées au Jardin colonial de Nogent-sur-Marne et au laboratoire de la condition des soies de Lyon. —EM. PRUDHOMME.


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