L'agriculture pratique des pays chauds (1913)

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ÉTUDES ET MÉMOIRES

telles que le bois noir (Acacia Lebbek), le mimosa (Leucœna glauca). Ces derniers résultats trouveraient leur explication dans les observations de M. G. Clarenc, agent des cultures à Diégo-Suarez ; un terrain trop azoté favoriserait l'augmentation de la proportion des racines amères ; or, précisément la couverture en légumineuses a pour but de restituer au sol l'azote pris par les cultures précédentes. L'excès d'azote pourrait être contrebalancé par un apport de potasse. La toxicité semble parfois augmenter avec l'altitude ; ainsi dans les hauts de Saint-Joseph, à partir de 500 mètres, toutes les variétés de manioc doux risquent, dès la première plantation, de devenir vénéneuses. On cite même l'exemple de la commune de l'EntreDeux, dont l'altitude n'est cependant que de 350 mètres environ et où l'on a renoncé à la culture de cette plante à cause des accidents. Il y a quelques années un honorable propriétaire de Saint-Paul recevait de Sumatra des boutures de manioc amer, qui, plantées sur le littoral, donnaient à la première récolte des produits vénéneux ; à la deuxième, faite sur un terrain voisin, on obtenait des racines absolument inoffensives. Par contre, à Madagascar, on plante beaucoup de manioc sur le plateau central de l'Emyrne jusqu'à des côtes de plus de 1.300 mètres ; les racines, très mal venues d'ailleurs, servent exclusivement à l'alimentation des gens et des animaux. Certains auteurs ont dit que les froissées

exhalent

une

odeur

jeunes

manifeste

feuilles de

manioc

d'essence d'amandes

amères; ce fait n'est nullement constaté ici. Pendant les travaux les bestiaux mangent souvent de ces feuilles à la dérobée et n'en sont nullement incommodés ; les hommes s'en servent quelquefois pour faire des brèdes1. Dans la statistique de 1825, M. Betting de Lancastel signale le feuillage du manioc parmi les fourrages et autres aliments employés couramment pour la nourriture du bétail.

Introduction du manioc à La Réunion. Le manioc a été introduit à La Réunion, en 1738, par la Compagnie des Indes, qui fit l'envoi de plants au Conseil Supérieur de Bourbon, par le navire le Griffon. 1. Plat local se mangeant avec le riz.


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