L'agriculture pratique des pays chauds (1913)

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SÉRICICULTURE

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MADAGASCAR

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mais en ayant soin de ne pas élever au même endroit les vers de deux éducations successives, afin de ne pas fatiguer les plantes leur servant de nourriture. On aurait tort aussi de croire que l'indigène néglige entièrement la sélection. — Cette précaution quilui paraît au moins inutile pour le ver à soie de Chine, semble, au contraire, attirer plus sérieusement son attention lorsqu'il s'agit du Landibé, car il a toujours soin de choisir les plus beaux cocons pour le grainage. La ponte s'effectue sur des petits bâtonnets ou sur de petits botillons d'herbes bien sèches qu'on place de distance en distance sur les Tsitoavina, les Tapias ou les Ambrevades. L'éclosion se produit, à l'ordinaire, de quinze à vingt jours après la ponte. — Lorsque l'éleveur estime qu'il y a assez de vers à un endroit déterminé, il transporte ses pontes sur un autre point. Dès lors il n'y a plus, suivant la méthode indigène, qu'à laisser les chenilles s'élever toutes seules et coconner soit sur les branches d'arbres, soit au milieu des touffes d'herbes sèches disséminées sur le sol. Les plantes servant à l'alimentation des Landibé paraissent exercer une certaine influence sur la qualité et sur l'aspect des cocons. Les cocons recueillis sur les Tsitoavina sont légèrement rougeâtres. Ceux du Tapia sont de couleur plus claire et un peu grisâtre ; quant au cocon de l'Ambrevade il est grisâtre et plus petit que les deux autres, mais plus dense. L'éducation du Landibé de l'Ambrevade donne lieu, d'après M. Piret, à une sélection spéciale, car on ne met sur cette légumineuse que des chenilles provenant de papillons déjà élevés sur le Cajanus indica. Le cocon de l'Ambrevade est beaucoup plus estimé que les deux autres; c'est ainsi que, dans la région d'Arivonimamo, 1.500 cocons doubles1 du Tapia ou du Tsitoavina ne valaient pas plus, en novembre 1903, que 900 paires 1 de cocons du Landibé de l'Ambrevade, c'est-àdire cinq francs. On vient de remarquer que les diverses variétés de cocons du Borocera Madagascariensis se distinguaient surtout par la couleur.

1. Les indigènes ont l'habitude de compter les cocons par paire. Les chiffres précédents correspondent donc à 3.000 et J.800 cocons simples.


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