L'agriculture pratique des pays chauds (1913)

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ÉTUDES

ET MÉMOIRES

temps le permet. Enfin il rentre les abriter sous un hangar ou dans une case. Il faut manipuler le fonio avec précautions. Quand il est sec surtout, les grains tombent avec une extrême facilité. Le moissonneur doit toujours opérer sous une certaine humidité. Le transport des bottes se fait dans des corbeilles ou sur une civière garnie de toile. La faucille, avons-nous dit, est seule pratique avec les variétés qui se couchent complètement sur le sol. Mais la faux, que nous avons employée dans les stations agricoles, est bien plus avantageuse pour les fonios qui se maintiennent un peu dressés, à la condition de faucher sous la rosée pour ne pas perdre trop de grains. Les bottes, portées sous l'abri, sont disposées en meules cylindriques, les épis au centre. Ces meules doivent être petites, de 1 mètre à 1m 50 au plus de hauteur pour éviter qu'elles ne s'échauffent trop. Quand la récolte est abondante, on peut l'entasser en rectangles plus ou moins allongés mais toujours sur une faible hauteur. Malgré tout, la température ne tarde pas à s'élever dans les meules. Il faut la surveiller de près ; empêcher qu'elle ne devienne trop intense et ne rende le grain stérile. On la ramène, si besoin est, en démolissant les meules. Il faut aussi veiller aux moisissures. On soulève les premières bottes pour voir si l'intérieur n'est pas envahi par le blanc, pour sentir le degré d'odeur et sa nature. Il faut porter les bottes moisies au soleil et même défaire les plus atteintes. Les grains imprégnés d'odeur de moisi n'ont plus de valeur marchande. La récolte des derniers fonios se faisant à la fin de l'hivernage, alors que les ondées deviennent rares, ne demande plus autant de précautions. On la laisse dans le champ en la disposant de la façon suivante : deux gros piquets sont enfoncés verticalement en terre avec une émergence de 3 mètres. Ils servent de support à des barres transversales échelonnées à 50 centimètres les unes des autres. Sur ces traverses, les bottes de fonio, attachées par leur base deux à deux, sont placées a cheval, superposées en autant de rangs que le permettent les intervalles. Les épis pendent au dehors. En recouvrant le rang le plus élevé, on abrite le tout. Cette disposition est très avantageuse pour prévenir toute altération. Le foulage n'a plus rien de pressé. On peut fouler le fonio deux jours après la récolte. Le grain a fini


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