L'agriculture pratique des pays chauds (1913)

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ÉTUDES

ET

MÉMOIRES

Pour les fonios à semis précoces, les champs sont préparés dès la fin de la saison sèche. Après les avoir débarrassés des plantes et des rejetons de racines, l'indigène se contente d'en rendre la surface poussiéreuse, comptant sur les pluies pour ramollir le sol pendant la végétation. Un labour, en effet, n'est pas absolument nécessaire d'abord parce que le fonio n'est pas difficile, puis parce qu'on le sème le plus souvent après une autre récolte, le riz par exemple, qui a nécessité un travail sérieux dont le fonio profitera ; enfin parce que le fonio germant avant toute autre plante s'oppose par cela même aux mauvaises herbes d'une façon suffisante momentanément. Cependant, dans les stations agricoles, on ne juge pas le labour inutile. Nout avons obtenu d'excellents résultats de cette préparation du sol faite à 15 ou 20 centimètres de profondeur. Ce qui nous permet de dire qu'un travail sérieux du sol vaut encore mieux qu'un grattage. Le cultivateur mécanique est là tout indiqué. L'agriculteur sage fera bien de préparer ses champs avec cet instrument au lieu de suivre les habitudes indigènes. Les premiers semis se font dès avril, au moment où l'hivernage s'annonce par des chaleurs orageuses, par des rosées assez sensibles révélant l'humidité atmosphérique, par quelques averses. Cependant la terre reste encore sèche et dure. Les fonios mi-hâtifs et tardifs suivent les conditions ordinaires des cultures. Nous n'avons pas à nous y appesantir. L'indigène sème à la volée, mais d'une façon à lui : sa main ne décrit pas un arc de cercle en lançant le grain ; il projette, la semence, en marchant à reculons, à droite et à gauche, par pincées. En temps sec, il recouvre le semis en remuant légèrement le sol avec le daba. Si le sol est détrempé, le semis adhère à la surface. L'indigène alors le laisse à même sans le recouvrir. Ce genre de semis à la volée demande environ 45 kilos de graines non décortiquées à l'hectare. Dans les stations agricoles, nous avons pratiqué le semis en lignes avec 18 kilos seulement. Nous nous servions du semoir. L'usage du semoir a son intérêt quand il s'agit de grandes surfaces, quand les semences sont chères, ce qui a lieu à certaines époques de l'année. Les semences sont réparties plus uniformément. La végétation s'en fait mieux. Avec le semis à la volée, il se produit toujours des touffes qui se développent mal, restent jaunes et même périssent. Enfin le semis en lignes distantes de 15 à


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