Abyssinie

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ABYSSINIE. moine syrien nommé Jacob Baradaï, qui au VIe siècle parcourut l'Asie pour réunir les monophysites dispersés et leur donner une hiérarchie.

Nous arrivons maintenant à une époque dont l'influence devait se faire sentir long-temps, et porter au loin le nom de tribus nomades presque ignorées jusqu'alors, et qui n'avaient pour richesses que leurs tentes et leurs chameaux. Six cents ans après Jésus-Christ, Mahomet parut au milieu des Arabes; et ce peuple, jusqu'alors occupé d'un commerce paisible, fut saisi à sa voix d'un esprit de conquête, auquel il obéit avec une rapidité qui tient du prodige. En moins de deux siècles, fidèle aux préceptes du Coran , il était vainqueur depuis les frontières de la Chine jusqu'aux Colonnes d'Hercule, et les nations périssaient par le glaive ou embrassaient l'islamisme. L'apparition du législateur, a la fois pontife et guerrier, est donc pour les Arabes une ère de gloire ; et l'on ne doit pas s'étonner que, dans leur goût pour les merveilleuses légendes, ils aient marqué l'année de sa naissance par des histoires miraculeuses en rapport avec l'importance de sa mission. Nous ne parlerions pas ici de ces rêveries d'imaginations exaltées, s'il n'était, parmi elles, un fait qui, bien que déliguré par les chroniqueurs orientaux, prouve le pouvoir des Abyssins en Arabie à la naissance de Mahomet ; pouvoir d'autant plus important à signaler, qu'il va cesser bientôt, et que les Arabes iront à leur tour s'emparer de la côte d'Ethiopie. Ce fait, c'est l'expédition d'un roi (l'Abyssinie contre la Mecque ; expédition nommée par les Arabes la Guerre de l'Éléphant, et qui a donné lieu à un conte bizarre. On sait que, bien long-temps avant la venue du prophète, le temple de la Mecque, nommé Caaba, et bâti, dit-on, par Abraham, était célèbre chez les nations nomades de l'Asie occidentale. De toutes parts on s'y rendait à travers le désert; et lors-

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que ces tribus errantes eurent cessé d'adorer le Seigneur, elles placèrent dans ie temple les idoles qui leur tenaient lieu du Dieu qu'elles avaient méconnu, et continuèrent à faire de la Mecque une place de commerce et de pèlerinage , où chacun portait les produits de sa terre, qu'il trouvait à échanger contre ceux des contrées lointaines. Une fois maîtres de l'Yémen , les Abyssins ne purent voir sans indignation, et peut-être sans envie, ces pèlerins nombreux, dont le zèle idolâtre était si bien excité par l'appât du gain. En conséquence ils élevèrent au pays des Homérites un temple consacré au vrai Dieu, et y appelèrent , par de nombreuses franchises, toutes les tribus qui voudraient revenir à un culte plus pur que celui des idoles. On ne fut pas long-temps sans concevoir à la Mecque de vives inquiétudes sur une rivalité aussi dangereuse : poussés par le zèle religieux ou par la cupidité, les Béni-Koreisch, chargés de la garde de la Caaba, se rendirent pendant la nuit au temple des Abyssins, et y ayant mis le feu, souillèrent de la manière la plus impure tout ce qui n'avait pas été dévoré par les flammes. Un pareil sacrilège ne pouvait rester impuni : le roi d'Abyssinie, ou plutôt l'officier qui gouvernait l'Yémen en son nom, et que les Arabes nomment Abraham, et les Éthiopiens Abréha , lève de nombreuses troupes, et, monté sur un éléphant blanc, dont l'histoire a aussi conservé le nom, et qui s'appelait Mahmoud, marche contre la Mecque. Déjà les Abyssins voyaient se dessiner sur le ciel la masse carrée du temple, et les Mecquois effrayés se réfugiaient à l'abri de ses murs, quand l'éléphant Mahmoud, tombant sur ses genoux, adora le lieu que son maître venait détruire ; au même instant de gros oiseaux d'une forme étrange, arrivant comme une tempête des quatre points de l'h >rizon, planèrent au-dessus de l'année. Chacun d'eux tenait dans ses serres et dans son bec trois petites pierres de la grosseur d'un pois , et


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